“Clamser à Tataouine”, de Raphaël Quenard : crimes et boniments

Une recension de Philippe Garnier, publié le

« Toute ma vie j’ai eu honte. D’abord de ne pas trouver de sens à mon existence. Ensuite de ne pas trouver de raison valable à ce non-sens, fatigué à l’idée même d’essayer. » Telles sont les paroles que ressasse le narrateur du roman, perché sur la corniche d’un immeuble de huit étages et prêt à se jeter dans le vide. Cette expérience est inaugurale. Le personnage narrateur ne se suicide pas mais se jette dans une série de meurtres, ou plus exactement de féminicides. Actes gratuits en un sens, puisque chaque victime est une rencontre fortuite que l’assassin trouve le moyen d’apprivoiser le temps d’imaginer son modus operandi. En revanche, ces meurtres répondent à un critère sociologique, ils sont portés par une haine tenace envers l’ensemble des classes sociales. Ainsi, chaque victime est un échantillon : le narrateur commence par trucider une aristocratique rombière avec un couteau à tarte et finit par séquestrer une SDF qu’il laissera mourir de faim, en passant par plusieurs meurtres intermédiaires. La misogynie du personnage apparaît comme l’une des facettes de son ressentiment, la froideur cynique comme sa qualité première.

Sur le même sujet


Article
2 min
Clara Degiovanni

Femme, noire, fille d’une esclave dans les États-Unis ségrégationnistes du XIXe siècle, devenue docteure de la Sorbonne, Anna Julia Cooper prôna l’émancipation des femmes par l’éducation et inaugura le féminisme noir.   …


Article
6 min
Emmanuel Giannesini

L’affaire Polanski, trente-deux ans après les faits, révèle un conflit entre la logique du pardon et la logique de la poursuite.


Article
2 min
Cédric Enjalbert

Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts…

“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma