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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Kara Kulikova/Unsplash

Pourquoi on s’attache ? 4 petites leçons tirées du nouveau livre de Boris Cyrulnik

Ariane Nicolas publié le 10 juin 2025 4 min

« “Quand on tombe amoureux, on se relève attaché.” C’est la formule quelque peu mystérieuse choisie par Boris Cyrulnik en titre de son nouvel ouvrage, paru début mars (chez Odile Jacob). L’essai, consacré à la notion d’“attachement”, se maintient dans les meilleures ventes en librairie. Je l’ai lu ce week-end, allongée dans l’herbe chatoyante d’un parc parisien. J’en ai principalement retenu quatre leçons.

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“Amoureux” d’un côté, “attaché” de l’autre. Ce tandem conceptuel, l’amour et l’attachement, structure le livre. Neuropsychiatre de formation et psychanalyste, Boris Cyrulnik montre que l’amour est un sentiment sublime quoique “totalitaire”, qui fait vaciller le sujet entre fantasme de fusion et angoisse de la perte – quand l’attachement permet de créer un lien plus stabilisateur avec le monde. L’argumentation est étayée par des études scientifiques éclairantes et surtout, explique comment les deux s’articulent. La capacité d’un sujet à bien s’attacher aux autres se consolide dans les 1 000 premiers jours de sa vie, selon qu’il a reçu l’attention adulte nécessaire. Plus nous sommes “sécurisés” tôt, et mieux nous sommes parés, à partir de l’adolescence, au bouleversement de l’amour.

Je retiendrai quatre petites leçons de cette idée directrice. Elles n’ont rien d’exhaustif, mais permettent, je crois, de comprendre certains enjeux actuels – et sans doute le succès du livre.

  • Il n’y a pas à choisir entre amour et attachement. On a vite fait d’opposer les deux : l’amour passionnel et fugace d’un côté, l’attachement constructif et durable de l’autre. L’opposition ne tient pas, d’après Boris Cyrulnik : c’est la transition de l’un à l’autre qui importe. Elle suppose d’être soi-même équilibré affectivement pour pouvoir la mener : “Quand les sentiments de la fièvre amoureuse et de l’attachement tranquillisant se coordonnent dans l’histoire du couple, les amants évitent à la fois la passion angoissante et l’attachement engourdissant. On tombe amoureux et on se relève attaché.” Même un coup de foudre peut déboucher sur une relation épanouissante, pour peu que les deux amants soient chacun assez “sécurisés”.
  • Nous ne sommes pas égaux face aux traumas. Notre cerveau reste marqué à vie par la manière dont il a interagi avec son milieu avant la troisième année : “Un bébé humain choyé, sécurisé ou réconforté acquiert un facteur de protection qui lui permettra de moins souffrir le jour où il devra affronter un inévitable trauma physique ou psychoaffectif. Ainsi pourrait-on expliquer l’étonnante inégalité face aux traumatismes, où ce qui détruit l’un fait sourire son voisin.” D’où l’importance de bien développer les trois “niches sensorielles” de l’enfant : l’utérus (bien se nourrir quand on est enceinte, ne pas trop être stressée…) ; le contact physique (stimuler l’enfant, l’assurer de notre présence) ; la verbalité (lui parler, beaucoup !).
  • Toutes les familles peuvent favoriser l’attachement. L’ouvrage rappelle qu’il existe pas moins de 5 000 modèles familiaux dans le monde. Dans ce joyeux carnaval, la famille nucléaire n’a pas le monopole de l’attachement : “Le système familial le plus protecteur est un système à attachements multiples”, indique John Bowlby, médecin psychiatre qui a théorisé ce concept dans les années 1950. Rappelant qu’aujourd’hui, plus d’un couple sur deux se sépare, Boris Cyrulnik assure que “les néofamilles fonctionnent bien”. Beaux-parents, amis, professionnels de l’enfance… Tout l’entourage est à même de sécuriser un enfant, c’est-à-dire de “lui donner la force et le plaisir d’explorer son environnement”. Le goût de l’autonomie, visée ultime de l’attachement, se transmet de multiples façons.
  • Enfin, les nouvelles technologies menacent la possibilité de l’attachement. Se relier au monde passe par des mécanismes sensoriels qui supposent une présence physique. On gagne en confiance parce qu’on a interagi avec le monde à travers le regard, le toucher, l’ouïe. Si ce processus se forge très tôt, il est réactivé et consolidé tout au long de la vie. Or, prévient le neuropsychiatre, “l’affectivité brutale est favorisée par les écrans et la commercialisation des sentiments”. Alors que les réseaux sociaux promettent de nous connecter aux autres, ils établissent en réalité des liens intermittents, fragiles, faits de micro-ruptures stressantes, qui rendent l’attachement plus incertain. Que l’on soit parent ou enfant : moins on utilise son smartphone, mieux on se porte.

Après la “résilience”, Boris Cyrulnik touche une fois de plus à une idée très juste avec l’“attachement”, qu’il n’a certes pas inventée mais qu’il porte avec force pour nous aider à mieux vivre nos difficultés intérieures. Sa lucidité nous instruit, sa tempérance rassure. L’attachement n’est pas pour autant une solution miracle : “Quand le lien de l’attachement se transforme en prison affective, tout le monde est malheureux”, précise-t-il. En amour comme ailleurs, tout est question d’équilibre. »

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