
Leonardo Di Caprio joue le rôle de Jay Gatsby dans le film de Baz Luhrmann Gatsby le Magnifique (2013). © Warner Bros. France
Depuis un siècle, les amoureux de littérature se plongent avec délice dans les ambitions et les tourments des personnages de The Great Gatsby de Francis Scott Fitzgerald, paru en avril 1925 aux États-Unis et traduit l'année suivante en France sous le titre Gatsby le magnifique. Le roman raconte l'histoire de Jay Gatsby, nouveau riche invité, mais pour un temps seulement, à la table des héritiers new-yorkais.
Ce roman emblématique du jazz age – les années 1920 et 1930 – et de la génération perdue de l'après-Première Guerre mondiale n'a pas perdu de sa pertinence, et pas seulement parce que le cinéaste Baz Luhrmann en a tiré, il y a dix ans, un film tapageur avec Leonardo Di Caprio dans le rôle principal. Depuis dix ans, l'expression « courbe de Gatsby » sert en effet à désigner, en science économique, une corrélation supposée entre inégalités de revenus et mobilité sociale : les pays où les revenus sont les plus inégaux seraient aussi ceux où la richesse et la pauvreté semblent se transmettre le plus nettement d'une génération à l'autre.
Reproduction des inégalités sociales
Le 12 janvier 2012, l'économiste Alan Krueger (1960-2019), président du comité des conseillers économiques de la présidence Obama, prononce un discours sur les inégalités devant le Center for American Progress, un think tank américain. Sur son écran s'affiche un graphique sur lequel sont placés quelques pays, des États-Unis au Japon en passant par la Suède, en fonction de deux variables : le degré d'inégalités de revenus (en abscisse) et le degré de mobilité sociale d'une génération à l'autre (en ordonnée).