Le désir d'enfant, une énigme irrésolue

Pourquoi voulez-vous des enfants ? Quand on les interroge, les femmes évoquent une foule de raisons. Les sciences, elles, renvoient aux modèles parentaux, à l’inconscient ou même à l’instinct maternel. Autant de réponses qui ne résistent pas à une enquête un peu poussée…

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Devenir mère et épouse n’est plus un destin tout tracé comme ce fut le cas durant des millénaires. Avoir des enfants relève aujourd’hui d’un choix volontaire 1.

Ce choix a de lourdes conséquences sur la vie des femmes. Il entre en conflit avec leur carrière, leurs projets personnels et leur temps libre… C’est pourquoi elles ne cessent de repousser l’âge de leurs grossesses. En France, l'âge moyen du premier enfant est passé de 24 ans au début des années 1970 à 29 ans en 2020. Quant au nombre d’enfants par femme, il n’a cessé de chuter dans les pays développés. Une grande majorité des femmes finit tout de même par devenir mère.

Compte tenu du coût exorbitant que représente le double statut de mère et de femme active, on peut se demander pourquoi elles continuent à faire des enfants… Pourquoi se compliquer la vie à une époque où les moyens de contraception et l’avortement permettent de vivre de front une vie sexuelle épanouie et une activité professionnelle ?

La maternité : un modèle social ?

Quand on interroge les femmes sur leur désir d’enfant, les explications sont toujours vagues ou nébuleuses. « J’en ai toujours voulu », me répond l’une. « Je n’imaginais pas ne pas en avoir », me dit une autre. « Peut-être pour ressembler à ma mère ? », suggère Sonia quand je la pousse dans ses retranchements. Son histoire cadre pourtant mal avec sa réponse. Jeune fille, elle a tout fait pour se démarquer du modèle maternel : celui d’une mère au foyer, sans diplôme et dépendante de son mari.

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D’autres n’hésitent pas à avouer un désir quasi animal. « Il me semble que c’est en moi. Je suis une mère poule. » Hélène, aujourd’hui mère de trois enfants, rêvait quant à elle d’« une famille » plutôt que d’enfants à proprement parler. D’autres, comme Marie, évoquent explicitement la grossesse, l’allaitement, le bébé qu’on pouponne comme un épisode magique de sa vie. D’autres, à l’inverse, osent confier que la grossesse ou les premières années ont été difficiles. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à avouer que l’expérience de jeune mère ne correspond pas à l’image de « l’heureux évènement » colporté par les stéréotypes habituels 2.

Un argument souvent avancé dit que les femmes voudraient devenir des mères pour se conformer à un modèle social dominant. L’histoire de ces dernières décennies montre cependant que les femmes ont su s’affranchir des modèles qu’on voulait leur imposer : elles ont conquis le droit d’étudier, de travailler, voter, avorter, divorcer. On remarquera d’ailleurs que c’est dans les pays où la norme morale de la « bonne mère » est la plus prégnante que le taux natalité a le plus chuté. C’est le cas en Allemagne, en Italie ou en Espagne, et même dans certains pays musulmans comme l’Iran, où le taux de natalité a chuté en trente ans de 6,5 enfants par femme à 1,77 aujourd’hui, un taux inférieur à la moyenne française (1,88) et au seuil de renouvellement de la population. En somme, tout se passe comme si, là où la pression sociale est forte, les femmes résistent justement à faire des enfants !